Jour de Grand Prix 2014 à Nantes : mélancolie en gros

Méléagros (Adrien Fouassier) devance Malki d'Azé (Arnaud Bourgeais) à l'arrivée du Grand Prix de Nantes (Listed)
GRAND PRIX DE NANTES (13e étape du Defi du Galop): MELEAGROS EST QUAND MEME UN CHEVAL DE GR.1 !
C'était le plus impressionnant mais aussi le plus nerveux au rond de présentation, portant d'ailleurs encore son licol sous la bride. Meléagros n'est pas tendre...il est même dur ce fils de King's Best âgé de 5 ans qui s'est le mieux sorti du terrain pénible sur un parcours nantais qu'il affectionne pour s'y être déjà imposé dans le Derby de l'Ouest (Listed) en 2012. Acquis à réclamer pour 31.000 € par Alain Couétil après un succès à Compiègne pour Carlos Laffon-Parias en avril de ses 3 ans, Meleagros avait déjà flirté avec l'élite internationale, dans les 2 dernières éditions du Grand Prix de Saint-Cloud (Gr.1) dont il avait conclu 4e en 2013 (devant Cirrus des Aigles) et 5e en 2014 (à 1,5 longueurs de Flintshire). Absent des 2 derniers automnes, ce déménageur portant la casaque de l'Ecurie Cerdeval remporte finalement un succès logique devant Malki d'Azé, qui venait de conclure 3e du Grand Handicap de Saint-Cloud.

Lutte féroce à l'arrivée du Prix des Sablonnets (Listed), dont sortira vainqueur à la corde Jolly Good Kitten (Cristian Demuro) face à Leader Writer (n°4 - Maxime Guyon)
PRIX DES SABLONNETS  : JOLLY GOOD KITTEN ET L'AMERIQUE DU TERRAIN LOURD
En général, le terrain du jour du Grand Prix de Nantes colle au pied,     surtout à ceux des 2 ans qui découvrent souvent les pistes vraiment  profondes à    cette occasion. D'ailleurs, l'arrivée du Prix des  Sablonnets s'est    étirée sur plusieurs dizaines de longueurs, loin  derrière un duo de tête    qui s'est livré à un magnifique duel, dont Jolly Good Kitten est   sortie  lauréat au dépend de Leader Writter (Pivotal).
L'assemblée ne s'en  est sans doute pas rendu compte, mais le gagnant,    alezan avec du blanc  exactement comme son père, est un pur produit de    l'école américaine du  gazon. Le père Kitten's Joy,  né du croisement    de 2 européens (El Prado / Lear Fan),  a été un double vainqueur de Gr.1    à 3 ans sur l'herbe (Joe Hirsch  Turf Classic / Secretariat Stakes)  et aussi   2e de la Breeders'Cup  Turf avant de s'imposer actuellement  comme l'un   des meilleurs étalons  des Etats-Unis. Auteur  de la championne   Stephanie's Kitten, il atteint la 2e place des étalons  américains en   2014, seulement devancé par Tapit.  Il fait la monte à $  100.000 à   Ramsey Farm, grand haras du Kentucky,  mais on remarque que  presque tous   ses bons produits ont été élevés  par leur  propriétaire-éleveur, les   époux Ramsey et portent le suffixe  Kitten,  comme Jolly Good Kitten   qu'ils ont confié à l'entraineur  italien  Gabriele Bietolini. Le poulain   venait de  gagner en débutant à Nantes, monté par Alexandre Roussel,   tandis que  cette fois, l'entaineur a fait monter son compatriote   Cristian Demuro.  Le 2e Leader Writter (Pivotal) a été élevé par   l'anglais Guy Heald,  auquel il appartient toujours, tandis que le 3e,   Biraaj (Ifraaj), défend  la casaque russe de Zalam Bifov.

A l'extérieur, Baby Lone Glory (Ludovic Hoisnard) résistera au retour de Bleu Berry (Tony Piccone) à la corde.
PRIX DE L'AVENIR : BABY LONE GLORY, AQPS A L'ANCIENNE
A l'heure du business et du trading, imposés par les coûts exponentiels de l'exploitation des chevaux de courses, le Prix de l'Avenir, la meilleure course de 3 ans AQPS dans l'ouest, a couronné les efforts d'une pouliche "à l'ancienne", c'est à dire appartenant à Paul Galerne, propriétaire dans la région depuis des lustres, qui l'a également élevée comme il avait fait naitre sa mère Quality's Glory et fait courir sa grand-mère Glory du Misselot. Entrainé par Bertrand Lefevre, discret mais efficace entraineur de Senonnes, et montée par Ludovic Hoisnard, Baby Lone Glory a résisté au bon retour du hongre Bleu Berry (Special Kaldoun), envoyé dans l'ouest par l'homme de Moulins Eric Vagne.

Paul Galerne (à gauche), propriétaire éleveur de Baby Lone Glory, avec le Président de Nantes, Jean-Pierre Vallée-Lambert.
Baby Lone Glory a été conçue en 2010 lors de la toute dernière saison de    monte de Laveron en Normandie au Haras de Chartreux, juste avant que    son dirigeant Alain Brandebourger ne se lance définitevement dans sa    nouvelle carrière d'artiste peintre, et que l'étalon en question ne    parte faire ses 2 dernières saisons de monte dans l'Allier chez Nicolas    de Lageneste au Haras de Saint-Voir. Elle descend d'une vieille souche    "Chaignon" de la Manche qui a fait un aller-retour dans le Centre. En    effet, la mère Quality's Glory, gagnante de 2 petites courses  d'obstacle   à Segré et Pornichet chez Philippe Peltier, est née de Lost  World et   Glory du Misselot, qui avait elle gagné 3 petites courses  d'obstacle   consécutives pour la casaque Galerne et l'entrainement de  Yannick   Fertillet, à Loudéac, Landivisiau et La Roche Posay. Cette  Glory du   Misselot était née dans le département de la Saone (70) chez  les époux   Lauer, lesquels avaient récupéré une vieille jument de 19  ans, Jolie   Nuit, n'ayant plus eu de poulain déclaré pendant 6 ans,  chez Pierre   Chaignon, le frère de Roger et l'oncle de Gilles Chaignon.  Avant de   partir loin de la Manche, cette fille de Night and Day avait  donné un   certain Quick Day, excellent bien que fort tardif, vainqueur  du Grand   Cross de Craon 1991 à l'âge de 9 ans, alors que Jolie Nuit  avait quitté   la jumenterie Chaignon...Certes, ce Prix de l'Avenir met  aux prises  ceux  qui restent, les AQPS qui n'ont pas été déjà vendus  Outre-Manche,  c'est  à dire tout ce qui se fait de bien en terme de  hongre et qui l'a  déjà  montré, sans compter tous les éléments de cette  génération déjà  exportés  dans les prés.
 

Vert et Blanc s'envole dans le Prix Alain de Torquat sous la selle de Christopher Grosbois.
PRIX ALAIN DE TORQUAT : VERT ET BLANC CHANTE L'HYMNE SUISSE
Quand on n'a plus de propriétaires en France, alors il faut aller les chercher là où ils sont, et pourquoi pas en Suisse. Monsieur et Madame Zueger sont des suisses allemands qui parlent un très bon français mais avec le même accent que dans les films, un couple de passionnés qui ont toujours un ou deux chevaux chez Joël Boisnard, qui est à Senonnes donc assez loin des Hélvètes, mais ceux-ci se déplacent à chaque fois comme pour un pélerinage aux ventes, à l'entrainement ou aux courses. De retour de la session d'octobre à Deauville, ils étaient descendus à Nantes pour voir leur chouchou, Vert et Blanc, disputé l'important Prix Alain de Torquat sur le mile. Sculptural cheval noir, c'est à dire tout l'inverse de son père Gold Away, celui-ci adore Nantes et le terrain lourd. Autant dire qu'il a gagné de bout en bout sans opposition, monté par Christopher Grosbois, apportant à son entourage une 9e victoire, dont 6 sur la parcours du Petit Port ! Joël Boisnard avait acheté ce beau poulain de la souche basse de L'Emigrant pour 44.000 € à octobre 2010 à son éleveur, Jean-Paul Larrieu (Haras de Saint-Faust). Il a ensuite acquis sa soeur par Dyhim Diamond pour 25.000 € en 2012, mais cette Betria n'a pris qu'une place en 3 sorties, et il n'a pas insisté sur la propre soeur cette année, finalement vendue 15.000 € à Edouard Lyon.
 
 
Ultraji, AQPS face aux pur-sang, laisse ses adversaires sur place dans le Handicap de la Loire.
PRIX MADAME CLAUDE ROUGET : QUAND LES AQPS BATTENT LES PURS EN PLAT
Voir un AQPS devancer les pur-sang dans une course plate reste un fait rare. Mais un jumelé des impurs face aux PS est sans doute une 1e dans les annales, à inscrire au bénéfice d'Ultraji et Sister Sun dans le Handicap de la Loire, renommé Prix Madame Claude Rouget en l'honneur de l'épouse du grand entraineur de Senonnes, qui a gagné tant de courses à Nantes, et bien sûr mère de Jean-Claude Rouget. En général, les AQPS qui ne sont pas doués pour les obstacles mais qui avancent quand même en plat partent en Corse, où les courses plates d'AQ ne sont pas limités à 5 ans, ou restent dans l'hexagone pour enchainer les kermesses estivales. Mais en l'occurrence, Ultraji, qui avait déjà démontré un bon talent sur la piste de Nantes en gagnant le Prix du Clos Pasquier devant Urticaire en mars 2013, a remporté une course d'un certain niveau en faisant un démonstration, prenant du champ dès la mi-ligne d'en face pour rallier le poteau en gambadant loin devant des adversaires en déroute, la "2e course" étant remportée par Sister Sun, une atre AQPS, femelle bien née élevée, appartenant et préparée par l'amateur du Lion d'Angers Roland Foucher.
Portant les couleurs de son éleveur Pierre de la Guillonnière  (Haras de la Rousselière), Ultraji est entrainé par le célèbre breton  Christian Le Galliard, ancien jockey vedette de l'ouest qui accompli une  carrière d'entraineur remarquable depuis sa base de Pontivy. Petit-fils  de Sirta, une très bonne gagnante à Auteuil, frère cadet de Tennis Cap,  Ultraji rend hommage à son défunt père Denham Red, mort à la  Rousselière au printemps 2014 alors qu'il connaissait son apogée grâce à  son champion de fils Un de Sceaux. Ce n'est pas tant qu'Ultraji ne sait  pas sauter, mais il a été victime d'une fracture du garrot, longtemps  très douloureuse, qui l'a tenu éloigné des pistes pendant plus d'un an  entre avril 2013 et juin 2014. Repartant du plus bas de l'échelle après  un échec pour sa seule sortie en steeple pour sa rentrée, suivie de  placettes dans des minicourses plates estivales, il a retrouvé gout à la  vie désormais, et peut-être le désir de sauter.
  
GRANDE COURSE DE HAIES D'AUTOMNE : SCAWORK, LE COUSIN CACHÉ DE BEL LA VIE
 
 Comment passer les 100.000 € en 3 ans  sans en parler à personne ? Réponse, faire comme Scawork, le vainqueur  de la Grande Course de Haies d'Automne 2014 de Nantes. Pas  nerveux pour un sou, bien que taillé dans le modèle typique de son père  Network qui fait souvent des chevaux de l'avant, il a du se faire  secouer plusieurs fois dans le parcours par François Pamart avant de  dépasser ses rivaux les uns après les autres et de filer au poteau après  un franchissement de la dernière haie comme si c'était la 1e. La voilà qui, à 5 ans, arrive à plus de 110.000 € de gains, sans une once de célébrité. Il  n'est sans doute pas très bon finalement, mais Arnaud Chaillé-Chaillé  gère très bien les intérêts de son propriétaire depuis des lustres  Georges Filleul. Alternant les haies et le  steeple, ayant montré ses limites au niveau listed, il a gagné des  courses à Bordeaux, à Nancy, Fontainebleau et puis Dax avant Nantes. Surtout, il a pris une 2e place dans un des quintés surpayés de Pau l'hiver.  Donc la vie est belle pour cet élève de Patrick Boiteau, fils de  Scarlock (Mansonnien), une jument remarquée à Auteuil dans sa jeunesse,  soeur du semi-classique Multiblue. Le père de Patrick Boiteau avait  trouvé la grand-mère Phoenicienne (Goodland) dans l'est, où elle n'avait  décroché qu'une victoire à Montier-en-Der. Mais celle-ci  était nièce de Miss Tracy, lauréate du Prix Maurice Gillois chez André  Fabre, future matrone pour l'élevage du Baron de Bourgoing et grand-mère  du champion Bel La Vie, lauréat du Grand Steeple-Chase de Paris 2013.
Comment passer les 100.000 € en 3 ans  sans en parler à personne ? Réponse, faire comme Scawork, le vainqueur  de la Grande Course de Haies d'Automne 2014 de Nantes. Pas  nerveux pour un sou, bien que taillé dans le modèle typique de son père  Network qui fait souvent des chevaux de l'avant, il a du se faire  secouer plusieurs fois dans le parcours par François Pamart avant de  dépasser ses rivaux les uns après les autres et de filer au poteau après  un franchissement de la dernière haie comme si c'était la 1e. La voilà qui, à 5 ans, arrive à plus de 110.000 € de gains, sans une once de célébrité. Il  n'est sans doute pas très bon finalement, mais Arnaud Chaillé-Chaillé  gère très bien les intérêts de son propriétaire depuis des lustres  Georges Filleul. Alternant les haies et le  steeple, ayant montré ses limites au niveau listed, il a gagné des  courses à Bordeaux, à Nancy, Fontainebleau et puis Dax avant Nantes. Surtout, il a pris une 2e place dans un des quintés surpayés de Pau l'hiver.  Donc la vie est belle pour cet élève de Patrick Boiteau, fils de  Scarlock (Mansonnien), une jument remarquée à Auteuil dans sa jeunesse,  soeur du semi-classique Multiblue. Le père de Patrick Boiteau avait  trouvé la grand-mère Phoenicienne (Goodland) dans l'est, où elle n'avait  décroché qu'une victoire à Montier-en-Der. Mais celle-ci  était nièce de Miss Tracy, lauréate du Prix Maurice Gillois chez André  Fabre, future matrone pour l'élevage du Baron de Bourgoing et grand-mère  du champion Bel La Vie, lauréat du Grand Steeple-Chase de Paris 2013.

Trésor de l'Isle se révèle dans le Grand Steeple-Chase de Nantes, face à Ultranet (à la corde) et le gros outsider Melington.
GRAND STEEPLE-CHASE DE NANTES LOIRE ATLANTIQUE : TRESOR DE L'ISLE EN GUISE DE BAUME AU COEUR
On a beau le savoir, on ne se fait jamais à la mort des chevaux d'obstacle. En tout début de journée à Enghien, François Nicolle était tout content de voir son meilleur 3 ans faire sa rentrée à Enghien, Magique des Landes, qu'il avait mis dans du coton, mis au repos, et qu'il ramenait sagement sur le plateau de Soisy plutôt que le courir directement dans le Prix Cambacérès (Gr.1), la semaine suivante à Auteuil. Alors qu'il se survolait la situation, il a été victime d'une fracture de l'homoplate quelques foulées avant le mur, qu'il a franchi tant bien que mal. Son jockey Jacques Ricou, qui a entendu en grand crac et avait senti son cheval baisser de 20 cm, n'a pu qu'écarter le cheval de la piste, deseller en connaissant l'issue fatale.
 De son côté, Nathalie Desoutter à Nantes, pour la même casaque de Simon Munir avait été éjectée de Vica de Thaix, alors archi battu, dans la phase finale de la Grande Course de Haies. Bref, une vraie journée de merde...
De son côté, Nathalie Desoutter à Nantes, pour la même casaque de Simon Munir avait été éjectée de Vica de Thaix, alors archi battu, dans la phase finale de la Grande Course de Haies. Bref, une vraie journée de merde...
Si cela ne fera pas se relever Magique des Landes, François Nicolle a pu apprécier la vraie bonne surprise offerte par Trésor de l'Isle, un 7 ans pourtant né de l'infâme Dark Moondancer, dans le Grand Steeple-Chase, une Listed. Cette fois, Nathalie Desoutter arbordait le sourire du pilote qui a dominé son sujet toute la route. AQPS élevée par Mme Pierre Sayet dans le canton de Cercy-la-Tour dans le Nièvre, il était parti en Angleterre, ayant un début de carrière pénible, puis avait gagné une coursette à Ayr, puis plus grand chose. Il est arrivé dans un lot de Sue Bramall chez François Nicolle cet hiver. Sautant à la "j'aime plus la vie", il a pris des places à droite et à gauche, mais a changé de visage dans le terrain lourd de Dieppe, dont il a gagné le Grand Steeple-Chase fin aout sur 4500 m. Manifestement, ce Trésor peut aller loin dans le registre des bonnes surprises sur les gros parcours et le terrain lourd. Selon son entraineur, il pourra aller sur un bon handicap quinté à Auteuil d'ici la fin de l'année, mais aussi, pourquoi pas, le Prix Georges Courtois fin novembre, une fois que toutes les vedettes se seront mis une volée lors du grand week-end, ce qui est le cas tous les ans...

 
		
